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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/17

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une couleur grise quand elle est trop long-temps à sécher.

Le camphrier, que les Chinois appellent chang-tcheu, est un arbre assez élevé, d’un port élégant, et qui a un joli feuillage ; mais le camphre qu’on en tire a quelque chose de grossier, et n’approche pas de celui de Bornéo : on fait des ustensiles domestiques de son bois : son odeur est si forte, que sa sciure, jetée sur les lits, en chasse les punaises ; et l’on prétend que, dans les endroits où il croît, ces incommodes animaux ne sont pas connus à cinq lieues à la ronde.

Un missionnaire qui avait demeuré long-temps à Bornéo, d’où vient le meilleur camphre, apprit à Navarette la méthode qu’on emploie pour le recueillir. Avant le lever du soleil, il transsude du tronc et des branches de l’arbre, de petits globules d’un suc clair qui sont dans un mouvement continuel comme le vif-argent : on secoue fortement les branches pour le faire tomber sur des toiles étendues ; il s’y congèle : on le met ensuite dans des boîtes de bambou, où il se conserve. Aussitôt que le soleil paraît, tout ce qui est resté sur l’arbre disparaît. Les habitans de Bornéo, qui gardent leurs morts pendant plusieurs jours avant de les ensevelir, se servent de camphre pour empêcher que la chaleur ne les corrompe : ils placent le corps sur une chaise qui est ouverte par le bas, et de temps en temps ils lui soufflent du camphre dans la bou-