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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/21

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main au matin la résine qui a coulé dans les coquilles, et le soir on les remet dans les mêmes incisions ; ce qui se continue jusqu’à la fin de l’été. Ordinairement les propriétaires des arbres ne se donnent pas la peine de recueillir eux-mêmes le vernis ; ils louent leurs arbres à des marchands pour la saison ; et le prix est d’environ deux sous et demi le pied : les marchands ont des paysans à gage qui se chargent de tous les soins pour une once d’argent, lorsqu’ils se nourrissent à leurs propres frais, ou pour six liards par jour avec la nourriture. Un seul paysan suffit pour l’exploitation de cinquante arbres.

On pense généralement que cette liqueur, tirée à froid, a certaines qualités vénéneuses, dont on ne prévient les dangereux effets qu’en évitant soigneusement d’en respirer les exhalaisons, quand on la verse d’un vase dans un autre, ou qu’on l’agite. Elle demande les mêmes précautions lorsqu’on la fait bouillir. Comme les marchands sont obligés de pourvoir à la sûreté de leurs ouvriers, ils ont un grand vaisseau rempli d’huile, dans lequel on fait bouillir une certaine quantité de filamens charnus qui se trouvent dans la graisse du porc, et qui demeurent après que la graisse est fondue : la proportion est d’une once de filamens pour une livre d’huile. Lorsque les ouvriers vont placer les coquilles dans les troncs, ils portent avec eux un peu de cette huile, dont ils se frottent le visage et les mains ; et le matin, après avoir recueilli le vernis, ils se frottent