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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/235

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confitures et des fruits secs. Quand ils rendent visite aux Russes ou aux étrangers qu’ils ne connaissent pas, ils sont très-bruyans, et quelquefois même impolis, sans aucun égard au rang ou à la qualité des personnages. Leur conduite est bien différente quand ils se trouvent avec leurs supérieurs chinois ; alors ils sont très-humbles et très-soumis.

Ils sont très-adonnés au jeu : dès que leurs affaires leur laissent quelques momens de libres, on les voit assis autour d’un damier, ou les cartes à la main. Cette passion les engage à se livrer à un petit commerce de détail pour se procurer des monnaies russes d’or et d’argent, qui facilitent les paiemens au jeu. Les Chinois de distinction s’amusent aussi y dans les momens de loisir, à jouer avec un chapelet ; ceux de la classe moyenne en ont toujours un à leur côté ; il est fait de résine de mélèse bien séchée. La transpiration continuelle des mains le rend aussi dur et aussi transparent que s’il était d’ambre ; on les vend alors très-cher aux Mongols.

Leur caractère posé, secret et rusé, leur donne de grands avantages sur les Russes. Le babil, le peu d’union et le sordide intérêt de ceux-ci détruisent les sages règlemens qui ont été faits pour eux. Il en résulte que les Chinois sont toujours les maîtres des prix des marchandises, dont ils empêchent d’ailleurs qu’il n’arrive une trop grande quantité qui les ferait baisser.