Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/248

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Dans les temps du rut, qui tombe à la fin de novembre, les mâles répandent une forte odeur de musc ; ils se battent pour leurs femelles, et le plus fort chasse tous les autres, s’empare pour lui seul de toutes les femelles de la troupe, les conduit vers le midi, les garde et les retient ensemble avec la plus grande jalousie. Ils montrent aussi à cette époque du courage pour les défendre contre les loups et les renards, qui, avec les aigles, sont leurs ennemis les plus dangereux.

Les Mongols chassent les saïgas au trac. Cette chasse, qu’ils appellent ablakhou, ressemble en partie à celle que fait l’empereur dans le pays au delà de la grande muraille de la Chine. Les Tougoutes qui habitent les steppes de la Daourie en font leur principal divertissement. Ils choisissent à cet effet une campagne unie et ouverte, bornée par une montagne, une rivière ou une forêt, pour que les saïgas soient obligés de s’arrêter. Ils préfèrent l’automne pour ces parties, parce qu’alors les chevaux sont dans toute leur vigueur, et se forment en compagnies de cent cinquante à deux cents chasseurs ; ils ont chacun un chien dressé et des chevaux de main, et sont armés d’arcs et de flèches. Arrivés au rendez-vous, trois à quatre chasseurs, ayant bonne vue, vont en avant, afin de découvrir le gibier de dessus les hauteurs. Dès qu’ils aperçoivent les saïgas, ils s’arrêtent pour attendre leurs compagnons. À mesure que la