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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/313

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C’est leur unique aliment dans ce désert. Ils en mangent une très-grande quantité. » Le missionnaire parle de gens morts tout à coup au milieu de ces déserts glacés ; ce qu’il attribue à la cessation de la chaleur naturelle, interceptée par le grand froid, et surtout à la mauvaise nourriture.

Comme il arriva des ordres du roi de Serinagar, de s’emparer de sa personne et de celles de ses compagnons, il résolut de partir secrètement, et de traverser le désert, quoique ce ne fût pas encore le moment. Il éprouva des souffrances incroyables dans ce trajet. Il enfonçait de temps en temps dans la neige, tantôt jusqu’à la poitrine, tantôt jusqu’aux épaules ; pour l’ordinaire il en avait jusqu’aux genoux, et souvent il fallait se traîner le long de la neige comme pour nager. De cette manière, on enfonçait beaucoup moins. « Tels étaient les travaux du jour, s’écrie-t-il, et la nuit n’était pas propre à nous reposer. Obligés d’étendre un de nos manteaux sur la neige, nous nous couchions dessus, et nous nous couvrions des deux autres le mieux que nous pouvions. La première journée, il neigea si fortement, depuis quatre heures après midi jusqu’à la pointe du jour, que nous ne pouvions pas nous voir, quoique nous fussions tous trois côte à côte. Pour ne pas rester ensevelis sous la neige, nous étions obligés de nous lever et de secouer nos manteaux. Nous avions perdu le sentiment dans différentes