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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/36

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colte ; car les feuilles ne doivent pas être arrachées à pleines mains, mais détachées une à une et avec soin. Un homme peut en ramasser dix à douze livres par jour. Plus on tarde, plus la récolte est forte ; mais nous avons déjà vu que l’on n’obtient la quantité qu’aux dépens de la qualité, parce que le meilleur thé se fait avec les plus petites feuilles et les plus nouvellement écloses. Cependant on ne les cueille pas toutes à la fois ; mais on en fait communément trois récoltes, à trois époques différentes.

La première a lieu à la fin de février ou au commencement de mars. L’arbrisseau ne porte alors que peu de feuilles à peine développées, et n’ayant guère alors plus de deux à trois jours de crue ; elles sont gluantes, petites, tendres, et réputées les meilleures de toutes ; ce sont celles que l’on réserve pour l’empereur et les grands de sa cour. Elles portent, par cette raison, le nom de thé impérial. On l’appelle aussi quelquefois fleur du thé. C’est sans doute cette dernière dénomination qui a donné lieu à l’erreur que nous avons signalée plus haut. Selon Kœmpfer, les fleurs de thé piquent vivement la langue, et ne peuvent être prises ni en infusion ni autrement.

La seconde récolte, qui est la première de ceux qui n’en font que deux par an, commence à la fin de mars ou dans les premiers jours d’avril. Les feuilles sont alors plus grandes, et n’ont pas perdu de leur saveur. Quelques-unes sont parvenues à leur perfection ; d’autres ne