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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/48

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Cependant le nan-mou n’approche pas, pour la beauté, d’un autre bois nommé tsé-tao, qui porte à la cour le nom de bois de rose. Ce tsé-tao est d’un rouge noirâtre, rayé et semé de veines très-fines qu’on prendrait pour l’ouvrage du pinceau. Il est propre d’ailleurs aux plus beaux ouvrages de menuiserie. Les meubles qu’on en fait sont fort estimés dans tout l’empire, surtout dans les provinces du nord, où ils se vendent beaucoup plus chers que les meubles vernissés.

Pour la force et la dureté, peut-être n’y a-t-il pas de bois comparable à celui qu’on appelle tie-li-mou, et que les Portugais nomment pao-de-ferro, c’est-à-dire bois de fer. Cet arbre est de la hauteur de nos plus grands chênes ; mais il en est différent par la grosseur du tronc, par la figure des feuilles, par la couleur du bois, qui est plus sombre, et surtout par le poids. On fait de ce bois les ancres des vaisseaux de guerre ; et les officiers de l’empereur qui accompagnèrent les missionnaires dans leur voyage à Formose les préféraient aux ancres de fer des vaisseaux marchands ; mais on croit qu’ils étaient dans l’erreur, car les pointes ne peuvent jamais être assez aiguës ni assez fortes pour rendre l’ancrage bien sûr ; et comme on fait les branches plus longues du double que celles des ancres de fer, elles en doivent être à proportion plus faibles, quelle que soit leur grosseur.

On peut compter au nombre des arbres