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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/71

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des côtes de Chan-tong et de Fokien. Les missionnaires les prirent d’abord pour autant de masses inanimées ; mais un de ces animaux, que les matelots pêchèrent par leur ordre, nagea fort bien dans le bassin où ils le firent mettre : il y vécut même assez long-temps. Sur ce qu’on les avait toujours assurés qu’il a quatre yeux et six pieds, et que sa figure ressemble à celle du foie humain, ils prirent la résolution de l’examiner soigneusement ; mais ils ne découvrirent que deux endroits qu’ils pussent prendre pour des yeux, aux marques de crainte que l’animal donnait lorsqu’ils passaient la main par-devant. À l’égard des pieds, si tout ce qui lui sert à se mouvoir devait porter ce nom, on en pourrait compter autant qu’il y a de petites excroissances qui sont comme autant de boutons. Il est d’ailleurs sans arêtes autour du corps, et meurt aussitôt qu’on le presse : un peu de sel suffisant pour le conserver, on le transporte dans toutes les parties de l’empire. Les missionnaires ne le trouvèrent pas de bon goût, quoique les Chinois le regardent comme un de leurs mets les plus délicats.

Le père Le Comte nous apprend qu’on trouve dans l’île de Hai-nan une fontaine dont l’eau pétrifie le poisson. Il en apporta une écrevisse dont la métamorphose était si avancée, qu’elle avait déjà le corps et les pates fort durs et peu différens de la pierre. Cependant les missionnaires qui visitèrent toutes les provinces de