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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/166

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la permission de s’ouvrir le ventre eux-mêmes. Un criminel qui obtient cette grâce assemble sa famille et ses amis, se pare de ses plus riches habits, fait un discours éloquent sur sa situation ; après quoi, prenant un air content, il se découvre le ventre, et s’y fait une ouverture en croix. Le crime le plus odieux est effacé par ce genre de mort. On met le criminel au rang des braves ; sa famille n’encourt aucune tache, et n’est pas dépouillée de ses biens. Le supplice ordinaire du peuple est la croix ou le feu. Quelques-uns ont la tête coupée, ou sont taillés en pièces à coups de sabre. D’ailleurs les princes, les magistrats, et les pères mêmes de famille décident souverainement sur les procès qui s’élèvent dans l’étendue de leur juridiction, et qui n’ont pu se terminer par arbitrage. Si la loi n’est pas précise en faveur de l’une ou l’autre partie, c’est le bon sens qui préside à ces décisions. Les rescrits de l’empereur sont exprimés en peu de mots : jamais il n’apporte de raison pour expliquer ses ordres, et souvent même il laisse aux juges subalternes la détermination de la peine ou du supplice. Les Japonais trouvent de la majesté dans ce style concis. Il y aurait une majesté plus réelle à parler le langage de la raison, qui est la première de toutes les autorités, puisque c’est sur elle que toutes les autres sont fondées.

En général, les Japonais sont fort mal faits ; ils ont le teint olivâtre, les yeux petits, quoique moins enfoncés que les Chinois, les jambes