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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/171

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ces particules, pour rendre les Japonais capables de les lire ou de les entendre. À l’égard de l’écriture savante, elle est à peu près la même à la Chine et au Japon. Elle consiste en caractères significatifs. Les idées sont attachées à la figure avant d’être attachées au son par lequel cette figure s’exprime ; et de là vient que ce genre d’écriture est composé d’un si grand nombre de caractères ; parce que chaque caractère n’est que l’image de la chose qu’il représente ; méthode plus difficile que la nôtre, mais moins sujette aux ambiguïtés. Il en est de même des plantes et d’une infinité d’autres choses ; on les exprime par différens caractères, suivant leurs qualités et leur usage. Toutes les prières et les lois anciennes du Japon, surtout celles qui regardent la religion, sont dans un langage sacré et inintelligible. On assure que ceux mêmes qui se donnent pour les interprètes des dieux ne l’entendent pas plus que les autres ; ce qui peut arriver ailleurs qu’au Japon.

Les Japonais ont l’imagination belle, une grande pénétration pour connaître le cœur humain, et un talent rare pour en mouvoir tous les ressorts. Plusieurs missionnaires, qui avaient entendu leurs prédications, ont avoué que rien ne leur avait paru plus touchant, plus pathétique, plus conforme au vrai goût de l’éloquence, et qu’il est assez ordinaire au Japon de voir fondre en larmes un nombreux auditoire. Ils ajoutent que leur poésie a des grâces singuliè-