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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/173

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sont ordinairement de jeunes garçons choisis dans les quartiers qui font la dépense du spectacle, et de jeunes filles qu’on tire des lieux de débauche. Ils sont magnifiquement vêtus, suivant leurs rôles. Les mêmes scènes ne doivent pas être répétées d’une année à l’autre. Kœmpfer donne la description de la place des spectacles qu’il vit à Nangasaki. On y avait élevé, dit-il, un grand temple de bambous. La façade était tournée vers la place. Ce bâtiment, qui était couvert de paille et de branches de tsugi, ressemblait assez à une grange ; aussi se proposait-on de remettre devant les yeux l’ancienne simplicité japonaise. Un grand sapin s’élevait à côté de la façade, et les trois autres côtés de la place étaient disposés en loges, où l’on avait ménagé un grand nombre de siéges pour les spectateurs. Les ministres des dieux s’assirent en ordre sur trois bancs, vis-à-vis le théâtre. On reconnaissait les supérieurs, qui étaient sur le banc le plus élevé, à leur habit noir et à un bâton court qu’ils portaient pour marque de leur autorité. Quatre canusi, d’un rang peu inférieur, étaient sur le second banc, vêtus de robes blanches, avec un bonnet noir vernissé. Tous les autres étaient à peu près vêtus comme les canusi. Les valets du temple se tenaient derrière leur maître, tête nue et debout. De l’autre côté des siéges occupés par le clergé, les lieutenans des gouverneurs étaient assis sous une tente, un peu au-dessus du rez-de-chaussée, avec leurs piques vis-à-vis d’eux.