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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/183

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son visage, et qui l’excite à tout entreprendre. Kœmpfer en cite des exemples. Un gentilhomme de Singo avait une femme d’une beauté rare ; l’empereur le sut, et lui fit ôter la vie. Quelques jours après, il se fit amener sa veuve, et voulut l’obliger de demeurer au palais : elle parut sensible à cet honneur ; mais elle demanda trente jours pour pleurer son mari, et la permission de régaler ses parens. L’empereur y consentit, et voulut être du festin. En sortant de table, la dame s’approcha d’un balcon, et, feignant de s’y appuyer, elle se précipita du haut de la maison où la fête s’était célébrée.

Un seigneur devint éperdument amoureux d’une fille qu’il avait enlevée à la veuve d’un soldat. La mère, apprenant la fortune de sa fille, lui écrivit pour obtenir d’elle quelque secours dans sa misère. Cet écrit fut découvert entre les mains de sa fille par le seigneur qui voulut absolument le lire. Dans la nécessité de découvrir la honte de sa mère, elle prit le parti d’avaler le billet, mais avec tant de précipitation, qu’elle en fut étouffée. Un mouvement de jalousie porta le seigneur à lui faire ouvrir le gosier. Il fut instruit ; et dans sa douleur il ne trouva point d’autre soulagement que de faire venir la mère, qu’il entretint dans l’abondance jusqu’à sa mort.

Une servante qui se crut déshonorée d’avoir donné quelque sujet de rire à ses dépens se prit le sein, le tira jusqu’à sa bouche, se l’arracha avec les dents, et mourut sur l’heure.