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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/198

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pereur, dans laquelle on les accusa d’être entrés, acheva malheureusement leur perte.

Les Hollandais, depuis long-temps leurs rivaux dans le commerce du Japon, comme dans celui du reste de l’Asie, furent les instrumens de leur ruine, et recueillirent ensuite leurs dépouilles. S’étant rendus maîtres d’un vaisseau portugais, près du cap de Bonne-Espérance, ils trouvèrent à bord des lettres adressées au roi de Portugal par Moro, chef des Portugais au Japon, Japonais de naissance, et fort attaché à la religion chrétienne. Ils se hâtèrent d’envoyer ces lettres au prince de Firando, leur protecteur, qui les communiqua aussitôt au gouverneur de Nangasaki, directeur et juge supérieur des affaires étrangères, quoique ami des Portugais. Moro fut arrêté ; il nia l’accusation avec beaucoup de fermeté, et tous les Portugais de Nangasaki l’imitèrent ; mais ni leur constance ni le crédit du gouverneur ne purent dissiper la tempête. Ils furent convaincus, si l’on en croit Kœmpfer, par le caractère et le cachet des lettres. Moro se vit condamné au plus cruel supplice. Kœmpfer ne fait pas difficulté d’ajouter que cette lettre découvrait tout le fond du complot que les chrétiens du Japon avaient formé avec les Portugais contre la vie de l’empereur et contre l’état. On y voyait, dit-il, qu’il leur manquait des vaisseaux et des soldats qu’on avait promis du Portugal ; on y voyait les noms des princes intéressés dans la conspiration, et l’espérance qu’ils avaient d’obtenir