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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/217

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leurs genoux. C’est la posture des Japonais pendant leurs prières ; il faut demeurer dans cette posture l’espace de vingt-quatre heures : de grands coups de bâton puniraient le moindre mouvement ; tout ce temps est destiné à faire l’examen de sa conscience, pour se disposer à la confession de tous les péchés où l’on est tombé depuis le dernier pèlerinage. Après cette préparation, toute la troupe se remet en marche : en approchant avec de nouvelles peines, on découvre un cercle de hautes montagnes, assez proches les unes des autres, au milieu desquelles s’élève un rocher escarpé qui semble se perdre dans les nues. Au sommet de ce rocher, qui est le terme du pèlerinage, les goguis ont dressé une machine par laquelle ils font sortir une longue barre de fer qui soutient une balance fort large : ils placent les pèlerins l’un après l’autre dans un des plats de la balance, en mettant dans l’autre un contre-poids pour l’équilibre ; ils poussent ensuite la barre en dehors, et le pèlerin se trouve suspendu au-dessus d’un profond abîme. Tous les autres sont assis sur la croupe des montagnes d’alentour, d’où ils peuvent voir ce malheureux pénitent qui doit déclarer à haute voix tous ses péchés. Si les bonzes croient s’apercevoir qu’il ne s’explique pas nettement, ou qu’il cherche à déguiser ses fautes, ils secouent la barre, et ce mouvement le fait tomber dans un précipice dont le seul aspect est capable de troubler sa vue et sa raison. Aussitôt que l’un