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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/219

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Kœmpfer ne nous apprend point en quoi consistent les engagemens du mariage, et quelles en sont les cérémonies ; mais il paraît que les inclinations n’y sont guère consultées : on se marie au Japon sans s’être connu ; ce sont les parens des deux côtés qui forment le nœud ; à la vérité, cet aveugle contrat n’est pas gênant, puisque la liberté de se séparer est égale pour les deux sexes, et que les hommes peuvent avoir autant de concubines qu’il leur plaît. Cependant l’adultère est puni de mort dans les femmes, et quelquefois une simple liberté leur coûte la vie. Les Japonais sont peut-être les seuls hommes du monde qui aient trouvé l’art de gagner et de se conserver le cœur de leurs femmes par cette rigueur, car on vante leur attachement et leur fidélité. Les histoires du Japon en offrent de continuels exemples : on y voit des femmes qui se laissent mourir de faim, dans le chagrin de ne pouvoir trouver d’autre voie pour suivre leurs maris au tombeau. Il est difficile d’accorder ce fonds de tendresse avec l’usage qui permet aux pères et aux mères d’exposer les enfans qu’ils ne sont point en état d’élever. Peut-être croient-ils faire un acte d’humanité en délivrant ces innocentes créatures d’une vie qui leur deviendrait a charge. Les personnes riches qui n’ont point d’enfans adoptent ceux de leurs parens et de leurs amis qui en ont un trop grand nombre.

Lorsque les aînés des familles sont parvenus à l’âge viril, les pères prennent le parti de se