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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/241

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feuille de cet arbre avec trois boutons épanouis.

Kœmpfer doute qu’il y ait quelque pays au monde où l’on entende mieux l’agriculture ; ce qu’il attribue, d’un côté, à la multitude des habitans, et de l’autre, au défaut de commerce et de communication avec les étrangers, qui les met dans la nécessité de pourvoir à leurs besoins par leur propre travail. Il n’y a pas un pouce de terre en friche au Japon ; non-seulement le plat pays, qu’on n’emploie jamais en pâturage, mais les montagnes les plus hautes produisent du blé, du riz, des légumes, et une infinité d’herbes nourrissantes ou médicinales. Les terres basses et unies sont labourées avec des bœufs. Les hommes réservent leurs bras pour la culture des lieux d’un accès difficile : tout est fumé et disposé avec un art infini. Il ne manque à ces insulaires, après avoir bien conçu la nécessité de l’art, et l’avoir porté à sa perfection, que de l’avoir ennobli comme à la Chine.

Les Japonais ont une méthode assez singulière pour donner de la fertilité à leurs terres. Ils ont toujours de grands amas de fiente et de toutes sortes d’immondices ; ils brûlent de vieilles nippes qu’ils y joignent, ils y emploient même des coquilles d’huîtres. Ce mélange produit un excellent engrais. On a déjà remarqué qu’avant d’ensemencer une terre, ils la mesurent, et que cette opération se renouvelle à l’approche de la moisson ; ensuite ils supputent