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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/267

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employé près de cinq ans à combattre inutilement les préjugés et les objections, il obtint pour unique réponse que la guerre de Grenade, où le roi se trouvait engagé, ne lui permettait pas de se jeter dans de nouvelles dépenses ; mais qu’aussitôt qu’elle serait terminée, il se ferait éclaircir des difficultés qu’il souhaitait de pouvoir surmonter.

Colomb perdit l’espérance. Il prit tristement le chemin de Séville, d’où il ne laissa pas de faire de nouvelles ouvertures à divers seigneurs dont on vantait le crédit. Enfin, rebuté de trouver la même indifférence dans tous les ordres de l’Espagne, il écrivit au roi de France, qu’il crut pouvoir engager, du moins par le motif de la gloire ; mais les Français étaient alors occupés de leurs guerres d’Italie. Cette obstination de la fortune à lui fermer toutes sortes de voies ne parut point l’avoir abattu ; il revint aux anciennes vues qu’il avait formées du côté de l’Angleterre ; mais, avant de quitter l’Espagne, il alla voir à Cordoue un fils qu’il avait d’un second mariage, et qui s’était mis dans un couvent de franciscains. Le supérieur de ce couvent, qui se nommait Jean Perez de Marchena, homme d’un grand mérite, ne put l’entendre parler de la résolution où il était de porter ses lumières aux étrangers sans en regretter la perte pour l’Espagne. Il le pressa de suspendre son départ. Il assembla quelques habiles gens qu’il mit en conférence avec lui ; et, leur voyant approuver son projet avec