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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/272

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vingt-dix hommes, mariniers et volontaires, les uns amis de l’amiral, d’autres qui avaient servi avec honneur dans la maison du roi. On embarqua des provisions pour un an, et l’on mit à la voile un vendredi, 3 août 1492. On arriva le 11 à la vue de la grande Canarie, dont on partit le 1er. septembre ; et, quatre jours après, on jeta l’ancre à la Gomera, où l’on prit des rafraîchissemens, de l’eau et du bois. Sur l’avis que Colomb eut dans cette île que le roi de Portugal, indigné de son accommodement avec l’Espagne, avait armé trois caravelles pour l’enlever, il se hâta de remettre à la voile.

Ce fut le jeudi 7 du même mois qu’il perdit de vue la terre des Canaries, en gouvernant vers l’occident, où il se promettait de faire des découvertes. Quelques-uns de ses gens, effrayés de se voir dans une mer inconnue, sentirent diminuer leur courage jusqu’à s’abandonner aux soupirs et aux larmes : il leur fit honte de leur faiblesse, et tous ses soins furent employés à les soutenir par de magnifiques espérances. On fit dix-huit lieues avant la nuit ; mais Colomb eut l’adresse de cacher chaque jour une partie du chemin, pour rassurer ceux qui craignaient de s’éloigner trop des côtes d’Espagne. Le 11, à cent cinquante lieues de l’île de Fer, on rencontra un mât de navire qui devait avoir été entraîné par les courans : bientôt Colomb s’aperçut que les courans portaient au nord avec beaucoup de force, et le 14 au soir, cinquante lieues plus loin à l’occident, il observa