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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/274

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de Fer, on vit encore un rabo de junco. Le mardi 18 septembre, Alphonse Pinçon, qui s’était avancé avec la caravelle, attendit l’amiral pour lui dire qu’il avait vu quantité d’oiseaux qui tiraient vers l’occident ; d’où il concluait que la terre ne pouvait pas être à plus de quinze lieues ; il s’imagina même l’avoir aperçue dans cet éloignement : mais Colomb l’assura qu’il se trompait, et que ce qu’il prenait pour la terre n’était qu’un gros nuage, qui ne fut pas en effet long-temps à se dissiper. Le vent était frais ; on avançait depuis dix jours à pleines voiles : l’étonnement de n’avoir depuis si long-temps que la vue du ciel et de l’eau faisait renouveler à tous momens les plaintes. L’amiral, se contentant d’observer tous les signes, avait toujours l’astrolabe devant lui et la sonde à la main. Le 19, on vit un de ces oiseaux que les Portugais ont nommés alcatras ; et, vers le soir, plusieurs autres vinrent voltiger autour des caravelles. On fut consolé par un si bon signe ; et, dans l’opinion que la terre ne pouvait être fort loin, on jeta la sonde avec toute la joie d’une vive espérance ; mais deux cents brasses de corde ne firent pas trouver le fond ; on reconnut que les courans allaient au sud-est. Le 20, deux alcatras s’approchèrent de la caravelle de l’amiral ; on prit vers la nuit un oiseau noir qui avait la tête marquée d’une tache blanche et les pieds d’un canard. On vit quantité de nouvelles herbes ; mais, après les avoir passées sans aucun danger, les plus timi-