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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/283

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cinquante. Ils les conduisaient avec une seule rame en forme de pelle ; et les plus grandes étaient si légères, que, lorsqu’elles se renversaient, ils les redressaient dans un instant : ils les vidaient en nageant près du bord ; et, s’y replaçant avec une extrême agilité, ils recommençaient à voguer sans aucune marque d’embarras ou de crainte. Les moindres présens leur paraissaient précieux. Enfin l’île avait de l’eau, des arbres et des plantes ; mais on n’y aperçut point d’autres animaux que des perroquets.

Dès le même jour l’amiral fit rembarquer tous ses gens, et quantité de sauvages le suivirent à bord. En les interrogeant à loisir par des signes qu’ils entendirent facilement, on apprit d’eux que leur île se nommait Guanahani, qu’elle était environnée de plusieurs autres, et que tous les insulaires dont elles étaient peuplées prenaient le nom de Lucayos[1]. Le lendemain on les vit revenir en plus grand nombre avec des perroquets et du coton, qu’ils donnèrent en échange pour de petites sonnettes qu’on leur attachait aux jambes et au cou, et pour des fragmens de vases de terre ou de faïence. Vingt-cinq livres de coton ne leur paraissaient pas un prix excessif pour un morceau de verre. Ils n’avaient aucune sorte de parure, à la réserve de quelques feuilles jaunes qu’ils

  1. De là le nom de Lucayes qu’on a donné à toutes les îles qui sont au nord et à l’ouest des grandes Antilles, et qui se terminent au canal de Bahama.