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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/299

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causait beaucoup plus de chagrin depuis la perte de sa caravelle. Il dépêcha une chaloupe avec ordre de la chercher ; mais il remit à l’officier qu’il chargea de ce soin une lettre pour Alphonse Pinçon, par laquelle, dissimulant son ressentiment, il l’exhortait à rejoindre son chef. La chaloupe fit inutilement plus de vingt lieues. On ne douta plus que Pinçon n’eût fait route pour l’Espagne afin d’y porter la première nouvelle des découvertes, et pour s’en attribuer peut-être toute la gloire. Ce soupçon détermina l’amiral à presser son départ, et lui fit remettre à d’autres temps la visite des mines.

Il assembla tous ses gens, entre lesquels il choisit trente-neuf hommes des plus forts et des plus résolus. Il leur donna pour commandant un gentilhomme de Cordoue, nommé Diego d’Arana, qu’il revêtit d’un pouvoir absolu, tel qu’il l’avait reçu lui-même de leurs majestés catholiques. Il nomma Pedro Guttierez et Rodrigue d’Escobedo pour le remplacer successivement, si la mort ou quelque autre accident l’enlevait à la colonie. Un cordonnier, un tailleur d’habits et un charpentier furent les seuls ouvriers qu’il crut nécessaires dans un établissement où tout autre art était inutile. Mais il y laissa tout ce qu’il put se retrancher de vin, de biscuit et d’autres provisions, avec diverses sortes de grains, pour semer, et quantité de marchandises qui devaient servir à l’entretien du commerce avec les insulaires. Comme l’engagement de ceux qu’il avait choi-