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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/304

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au ciel. À peine eurent-ils perdu de vue le rivage, qu’une troupe de Portugais fondit sur eux et les fit prisonniers ; l’amiral, surpris de ne pas les revoir à la fin du jour, fit avancer son vaisseau vers une pointe d’où l’on pouvait découvrir la chapelle. Il vit sa barque ; mais au lieu de ses gens, qu’il se disposait à recevoir, il aperçut un grand nombre de cavaliers armés, qui descendaient de cheval, et qui entrèrent dans la barque ; apparemment pour le venir attaquer. Il se mit aussitôt sous les armes, dans la résolution néanmoins de ne pas commencer les hostilités. Les Portugais, s’étant avancés à la portée de la voix, demandèrent un signe de sûreté. Il ne balança point à le donner : mais, voyant qu’ils ne s’en tenaient pas moins éloignés, il leur dit qu’il avait quelque étonnement de ne voir aucun de ses gens dans la barque ; qu’il ne s’était pas imaginé qu’on ne l’eût fait saluer que pour le trahir ; qu’il avait l’honneur d’être amiral de l’Océan et vice-roi des Indes pour l’Espagne, et qu’il était prêt à montrer ses provisions. Un officier portugais lui répondit qu’on ne connaissait dans l’île ni le roi d’Espagne, ni ses lettres, et qu’il serait traité comme ses gens, s’il avait l’audace d’entrer dans le port. Un langage si offensant fit douter à l’amiral si depuis son départ les deux couronnes n’avaient pas rompu la paix. Il prit tous ses gens à témoin de ce qu’ils avaient entendu ; et, s’armant de fierté à son tour, il jura qu’il ne partirait point sans une vengeance