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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/317

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bientôt commencé à régner dans la colonie ; que, les ordres du commandant n’étant plus respectés, chacun était sorti du fort et s’était livré aux plus odieux emportemens ; que les insulaires avaient vu ravir leurs femmes, enlever leur or, et commettre à leurs yeux toutes sortes de brigandages et de dissolutions ; que le roi son frère n’avait pas laissé de contenir ses sujets dans la soumission, en leur promettant que le retour de l’amiral mettrait fin à cet affreux désordre ; mais que Guttierez et Escovédo, après avoir tué un habitant du pays, étaient passés, avec neuf de leurs compagnons, et les femmes qu’ils avaient enlevées, dans les états d’un cacique nommé Coanabo, qui les avait massacrés jusqu’au dernier ; que ce prince, dont les mines de Cibao dépendaient, alarmé apparemment pour ses richesses, avait pris la résolution d’exterminer tous les étrangers ; qu’il était venu assiéger la forteresse avec une puissante armée, et que, n’ayant pu l’emporter d’assaut, quoique la garnison fût réduite à dix hommes, qui étaient demeurés fidèles à Diégo d’Arana, il y avait mis le feu pendant la nuit, avec tant de fureur et dans un si grand nombre d’endroits, qu’il avait été impossible de l’éteindre ; que les assiégés avaient tenté de se sauver par mer, mais qu’ils s’étaient noyés tous, avec leur commandant, en voulant passer à la nage de l’autre côté du port ; qu’à la première nouvelle du siége, le roi Guacanagari s’était hâté de rassembler des troupes pour la défense de