Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plan des quartiers et des rues. Les édifices publics forent bâtis de pierre ; mais tous les autres ne l’ayant été que de bois, de paille et de feuilles de palmiers, on vit bientôt tout le monde à couvert. Cette nouvelle ville, la première apparemment qu’on eût jamais vue dans le Nouveau-Monde, reçut le nom d’Isabella, à l’honneur de la reine de Castille, que l’amiral regardait comme la source de sa fortune et de sa gloire.

Mais soit que les provisions n’eussent pas été ménagées, ou qu’elles se fussent corrompues, on ne fut pas long-temps sans tomber dans la disette de vivres. D’ailleurs la continuité d’un travail dont personne n’était dispensé, les fatigues du voyage, la différence du climat, et l’extrême chaleur causèrent de fâcheuses maladies. L’amiral, qui ne s’épargnait pas plus que le moindre Castillan, fut un des premiers qui s’en ressentit. De son lit même, où la force du mal le retint pendant plusieurs jours, il ne cessa point de donner des ordres et d’en presser l’exécution. Il avait observé que l’idée des trésors dont tous ses gens avaient l’imagination remplie servait à les soutenir contre la faim et la misère. Non-seulement il profitait de cette disposition pour les animer continuellement par les plus hautes espérances, mais, craignant qu’à la fin ils ne fussent plus découragés par le retardement que par les obstacles, il résolut de ne pas différer plus long-temps la découverte des mines ; et dans l’impuissance où il était d’y