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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/330

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tachent si fort à la partie inférieure de son écaille, qu’en retirant la corde on attire quelquefois une tortue qui pèse plus de cent livres.

L’amiral, apprenant des pêcheurs du pays qu’il trouverait plus loin beaucoup d’autres îles, continua sa route à l’ouest, sans être arrêté par le danger continuel d’échouer sur les sables, ou de se briser contre les côtes. Une île plus grande que les autres reçut le nom de Sainte-Marthe. On y trouva quantité de poissons, des chiens muets, de grandes troupes de grues rouges, des perroquets et d’autres oiseaux ; mais la crainte fit fuir les habitans du seul village qu’on y découvrit. L’eau commençait à manquer sur les trois bords castillans. On avait des ressources présentés dans l’île de Cuba ; on s’en rapprocha, et l’on prit la route de l’est avec des vents fort variables, et par des canaux remplis de sable. L’amiral y échoua fort dangereusement, et ne fut redevable de la conservation de son vaisseau qu’à sa propre habileté. Il continua d’avancer, sans dessein et sans ordre, en suivant les bancs et les canaux dans une mer fort blanche, exposé chaque jour à la violence des marées et des courans. Enfin les trois vaisseaux se retrouvèrent près de Cuba, sur la même côte d’où ils avaient pris leur route.

Le 7 juin, pendant que l’amiral faisait célébrer les saints mystères sur le rivage, on y vit arriver un vieux cacique qui s’approcha de l’amiral pour lui présenter modestement quel-