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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/339

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Guarinoex, roi de la Véga-Réal, offrit de faire labourer la terre, et semer par ses sujets le blé que les Castillans voudraient lui confier, à l’exemple de Guacanagari, qui leur avait déjà rendu cet important service. Sa proposition fut rejetée, sans qu’on puisse comprendre les raisons de ce refus dans un temps où la difficulté de faire venir des vivres d’Espagne avait réduit plusieurs fois la colonie aux dernières extrémités. Mais comme ce prince ne cherchait qu’à se dispenser de fournir de l’or, sous prétexte que ses peuples ignoraient le moyen d’en recueillir, un historien juge avec assez de vraisemblance que l’amiral, faisant peu de fond sur la faveur des Espagnols, et se voyant exposé à de grandes révolutions par sa qualité d’étranger, rapportait toutes ses vues à s’enrichir, et préférait l’or à tout autre soin. Il obligea Manicate, principal auteur de la révolte, de lui en fournir chaque mois une mesure, qui montait à cent cinquante écus : en même temps il fit fabriquer des médailles de cuivre ou de laiton, qu’on donnait à ceux qui apportaient le tribut, et qu’ils étaient obligés de porter au cou, pour faire foi qu’ils avaient payé, avec ordre de les changer à chaque paiement. Boechio, puissant cacique, dont les états étaient les plus éloignés d’Isabella, fut le seul qui continua de résister aux vainqueurs, animé par Anacaona sa sœur, veuve de Caonabo, dont il avait embrassé la vengeance.

Tous les autres sentirent bientôt le poids du