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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/341

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gne, les historiens ont noirci sa mémoire par les plus odieuses accusations : il n’y avait pas d’autre moyen de justifier les destructeurs.

Cependant Boyl et Margarita étaient arrivés à la cour d’Espagne, et faisaient retentir leurs plaintes contre l’amiral et ses deux frères. Ils traitaient de chimère tout ce qu’on avait publié de la découverte des mines d’or ; ils accusaient l’amiral d’imprudence, d’orgueil et de cruauté ; ils lui reprochaient de compter pour rien la vie des Castillans, qu’il avait employés aux plus vils travaux, et qu’il avait ensuite abandonnés pendant quatre mois pour aller découvrir de nouvelles terres, ou des trésors qui étaient demeurés apparemment dans ses coffres. On avait reçu d’ailleurs, au premier retour de Torrez, des lettres particulières de quelques mécontens qui n’avaient pas fait une peinture avantageuse de la conduite des Colomb. Leurs majestés prirent le parti d’envoyer à Espagnola un commissaire chargé de l’ordre vague d’approfondir la vérité, et d’une simple lettre de créance pour le faire respecter. Cette voie pouvait être prudente et sûre, si la cour d’Espagne eût fait un meilleur choix.

Mais Jean d’Aguado, honoré de cette commission, était un esprit vain qui s’enfla d’une faveur à laquelle il ne s’était point attendu. Il arriva au port d’Isabella vers la fin du mois d’octobre, lorsque l’amiral était occupé à terminer quelques nouveaux mouvemens dans la province de Maguana. L’adelantade comman-