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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/350

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la sagesse qu’avait jusque-là montrée l’amiral. Il fut égaré par l’ambition de hâter, à quelque prix que ce fût, les progrès de sa colonie ; mais que pouvait-il attendre de pareils habitans ? Les nouveaux états doivent être établis sur de meilleurs fondemens. Colomb obtint aussi le pouvoir de distribuer des terres à ceux qui seraient en état de les cultiver et d’y bâtir, avec réserve des droits du souverain sur l’or, l’argent et les autres métaux. Enfin la reine, qui s’attribuait justement l’honneur des premières entreprises qui avaient conduit son amiral à la découverte du Nouveau-Monde, fit publier un édit qui défendait le passage aux Indes à tous ceux qui n’étaient pas nés sujets de sa couronne de Castille. Cependant il paraît qu’elle joignit au motif de la gloire celui de faire satisfaction à l’amiral sur la conduite et les discours de Boyl et de Margarita, dont le premier était Catalan, et l’autre sujet de la couronne d’Aragon. Les historiens qui lui attribuent ce dessein ajoutent que l’amiral demanda cette satisfaction comme une récompense de ses services ; mais il ne porta pas plus loin la vengeance.

Les vaisseaux qu’il avait rencontrés à Cadix ayant achevé leur voyage au commencement de juillet, l’adelantade, encouragé par la nouvelle qu’il avait reçue de l’arrivée de son frère en Espagne, se hâta de les renvoyer avec de nouveaux trésors. Dans le compte qu’il rendait de ses opérations à l’amiral, il lui faisait sentir que