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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/384

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ticipation du gouvernement. Mais la cour, informée par d’autres témoignages, rendit plus de justice à sa conduite ; et, dans son retour, il fut vengé d’une odieuse persécution.

Christophe Colomb, engagé dans son quatrième voyage, reconnut la côte de Véragua, et le port, qu’il nomma Porto-Bello ; il souffrit des travaux et essuya des dangers infinis. Herréra nous a conservé la substance d’une lettre très-intéressante, où il se plaint du triste salaire qu’il recevait pour tant de services. « Je n’ai eu, jusqu’à présent, disait-il, que des sujets de larmes, et je n’ai pas cessé d’en répandre. Que le ciel me fasse miséricorde, et que la terre pleure sur moi. » Il faisait observer au roi et à la reine qu’après vingt ans de services, après des fatigues sans exemple, il ne savait pas s’il possédait un sou, qu’il n’avait pas une maison à lui, et que, dans toute l’étendue de leurs états, sa seule ressource pour la nourriture et le sommeil, c’est-à-dire pour les besoins les plus communs de la nature, était les hôtelleries publiques. Accablé, comme il l’était, d’années et de maladies, il protestait que, dans cette langueur, ce n’était pas le désir de la fortune et de la gloire qui lui avait fait entreprendre son dernier voyage, mais le pur zèle pour le service de leurs majestés, jusqu’au dernier épuisement de ses forces : s’il lui en restait assez pour retourner en Castille, il leur demandai d’avance la permission de faire le pèlerinage de Rome. Ce projet, assez singulier dans