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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/393

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en Castille, et que ceux qui ne voulaient pas le suivre pouvaient rester à la garde du ciel. Il s’éleva aussitôt un bruit confus des gens de guerre qui criaient, les uns, nous vous suivrons ; d’autres, Castille, Castille ; et d’autres, capitaine, que ferons-nous ? Quelques-uns même firent entendre, en parlant sans doute des Colomb, ces mots, qu’ils meurent. L’amiral voulut se lever ; mais il ne put se soutenir, et l’on fut obligé de le remettre sur son lit. L’adelantade parut une hallebarde à la main, et se posta courageusement proche d’une poutre qui traversait le vaisseau, prêt à disputer le passage aux mutins. Ses meilleurs amis le forcèrent de rentrer dans sa chambre, et, prenant le ton de la douceur avec Porras, ils lui représentèrent qu’il devait lui suffire qu’on ne s’opposât point à sa résolution. Il se retira, mais ce fut pour se saisir des dix pirogues que l’amiral avait achetées des Américains, et pour s’y embarquer aussitôt, lui et tous les mutins, avec autant d’empressement et de joie que s’ils eussent été près de débarquer à Séville. Il ne resta guère avec les Colomb que leurs amis particuliers et les malades. L’amiral, les ayant fait assembler autour de lui, les excita par un discoïtrs fort touchant à prendre confiance au ciel, et leur promit de se jeter aux pieds de la reine pour faire récompenser leur fidélité.

Dès le même jour, les séditieux prirent le chemin de la pointe orientale de l’île. Ils s’y