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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/402

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hommes qu’ils avaient cru immortels, s’approchèrent de lui et voulurent toucher ses blessures, pour observer quelles plaies faisaient les épées. Ce mouvement ayant rappelé ses esprits : Si je me lève, s’écria-t-il d’une voix terrible ; et de ce seul mot il causa tant d’épouvante aux Américains, qu’ils se mirent à fuir sans oser tourner les yeux.

Le lendemain du combat, tous les rebelles qui étaient échappés par la fuite prirent le parti d’aller se jeter aux pieds de l’amiral, et de s’engager par de nouveaux sermens. Il les reçut avec bonté, mais à condition que Porras, leur chef, demeurerait dans les chaînes, et qu’ils recevraient eux-mêmes, jusqu’au départ pour Espagnola, un capitaine de sa main, sous la conduite duquel ils auraient la liberté de s’établir dans le lieu qu’ils voudraient choisir, pour y subsister du commerce de quelques marchandises qu’il leur ferait délivrer.

Il se passa une année entière avant l’arrivée du navire que Mendez et Fieschi avaient acheté à San-Domingo. Diègue de Salcédo, que l’amiral y avait envoyé dans l’intervalle pour presser le gouverneur, parut en même temps avec deux caravelles, qu’il avait équipées, comme le navire, aux frais des Colomb. Enfin, tous les Castillans s’étant rassemblés le 28 juin 1504, on mit à la voile pour Espagnola. Les vents contraires rendirent le passage si difficile, qu’on eut beaucoup de peine à gagner l’île Béata, à vingt lieues du port d’Yaquimo.