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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/46

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mérique. Les traits du visage sont les mêmes : les unes et les autres mangent de la sarana, qu’ils préparent de la même manière ; leurs haches, leurs habits, leurs chapeaux, leurs canots ; tous ces objet de comparaison portent à croire qu’ils ont la même origine. Le continent de l’Amérique n’eût-il jamais été joint à celui de l’Asie, ces deux parties du monde sont si voisines, qu’il est très-possible que les habitans de l’Asie aient passé en Amérique par les îles intermédiaires qui favorisaient cette transmigration. Steller joint à ces traits de conformité des rapports très-sensibles entre les mœurs des Kamtchadales et celles des Américains. Mais ces ressemblances appartiennent peut-être plus au climat, à la position, au genre de vie commun à tous les sauvages du Nord, qu’à l’origine des deux nations. C’est dans les langues, plus que dans les usages, qu’il faut chercher les racines des différentes populations. Or, si le langage ne montre point de trace de parenté entre les habitans de l’Asie et de l’Amérique, il est difficile d’en établir sur les autres rapports. Mais il s’agit moins de savoir les relations que la nature mit autrefois d’un continent à l’autre que de découvrir celles que le commerce et la navigation y peuvent créer ou renouer.

Parmi les îles que Steller regardait comme susceptibles de servir un jour d’entrepôt ou de relâche à la navigation des Russes en Amérique, une des plus considérables est l’île de Behring.