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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/56

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faiteurs. Ils aiment mieux manger les autres bêtes qu’ils prennent à la chasse, avec lesquelles ils ne se sont point mis en société de travaux et de services, de peines et de soins. Mais non, ce n’est pas l’humanité, c’est le besoin seul qui guide les Koriaks dans le traitement qu’ils font éprouver aux rennes, puisque, avant d’en former des attelages, ils châtrent les mâles en leur perçant de part en part les veines spermatiques, sans leur arracher les testicules. Les nombreux troupeaux de rennes servent aux Koriaks de matière d’échange ou de commerce pour leur procurer des fourrures, et tout ce dont la nature leur donne le besoin sans le satisfaire. Ils vivent familièrement avec leurs rennes. Ces animaux entendent très-bien le sens de tous les cris des bergers qui les gardent. Les Koriaks, sans savoir compter, aperçoivent au premier coup d’œil d’un renne qui leur manque entre plusieurs milliers, et diront même de quelle couleur est l’animal égaré. Ces peuples errans sont aussi ignorans en matière de religion que les Kamtchadales. « Un chef ou prince koriak, avec lequel j’eus occasion de converser, dit Kracheninnikov, n’avait aucune idée de la Divinité. Cependant ils ont beaucoup de vénération pour les démons, parce qu’ils les craignent. Ils immolent même des chiens et des rennes, sans savoir à qui ils offrent ce sacrifice, se contentant de dire : Vaioukoing, iaknilalougangeva. « C’est pour toi ; mais envoie-nous aussi quelque chose. »