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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/134

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gouvernement, et qui, n’ayant pour habitation que les cavernes des rochers, ou quelques trous sous terre, vivaient de leur chasse et des fruits que leurs arbres produisaient sans culture ; cependant ils se servaient de leurs flèches avec tant d’adresse et de force, et la situation de leurs montagnes aidait si naturellement à leur défense, qu’ils avaient repoussé plusieurs fois toutes les forces des empereurs du Mexique ; mais ils ne pensaient à vaincre que pour éviter la tyrannie, et pour conserver leur liberté au milieu des bêtes sauvages.

Il n’y avait pas plus de cent trente ans que l’empire du Mexique était parvenu à cette grandeur, après avoir commencé à s’élever, comme la plupart des autres états, sur des fondemens assez faibles. Les Mexicains, portés par inclination à l’exercice des armes, avaient assujetti par degrés plusieurs autres peuples qui habitaient cette partie du Nouveau-Monde. Leur premier chef avait été un simple capitaine, dont l’adresse et le courage en avaient fait d’excellens soldats. Ensuite ils s’étaient donné un roi qu’ils avaient choisi entre les plus braves de leur nation, parce qu’ils ne connaissent pas d’autre vertu que la valeur ; et cet usage de donner la couronne au plus brave, sans aucun égard au droit de la naissance, n’avait été interrompu que dans quelques occasions où l’égalité du mérite avait fait donner la préférence au sang royal. Montézuma, suivant les