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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/217

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retenue par la violence parmi des gens qu’elle haïssait. Elle accepta l’offre de l’asile : elle prit des mesures pour sa fuite ; enfin l’Américaine la crut engagée si loin, qu’achevant de s’ouvrir sans ménagement, et lui conseillant de hâter sa résolution, elle lui apprit que le jour marqué pour la ruine des Espagnols n’était pas éloigné ; que l’empereur avait envoyé vingt mille hommes, qui s’étaient approchés de la ville ; qu’on avait distribué des armes aux habitans, amassé des pierres sur les terrasses des maisons, et tiré dans les rues plusieurs tranchées, au fond desquelles on avait planté des pieux fort aigus qu’on avait couverts de terre sur des appuis légers et fragiles, pour y faire tomber les chevaux ; que Montézuma voulait exterminer tous les Espagnols ; mais qu’il avait ordonné qu’on en réservât quelques-uns, pour satisfaire la curiosité qu’il avait de les voir, et pour en faire un sacrifice à ses dieux ; enfin que, pour animer les habitans de Cholula, par une faveur extraordinaire, il avait fait présent d’un tambour d’or à la ville. Marina parut se réjouir de ce qu’elle avait entendu, et loua la prudence avec laquelle on avait conduit une si grande entreprise : elle ne demanda qu’un moment pour emporter ce qu’elle avait de plus précieux ; mais elle en profita pour avertir Cortez, qui fit arrêter aussitôt l’Américaine, et cette malheureuse effrayée ou convaincue, acheva sa confession dans les tourmens.