Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sement, il chercha inutilement la rivière de Darien ; et s’étant arrêté devant les montagnes qui sont à la pointe orientale dit golfe d’Uraba, il y jeta les fondemens d’une ville qu’il nomma Saint-Sébastien, dans l’espérance que la protection de ce saint le garantirait des flèches empoisonnées. Cette colonie fut la seconde que les Castillans formèrent dans le continent. Celle de Véragua avait été la première.

Les habitans du pays étant des Cannibales auxquels il était difficile de résister avec si peu de forces, Ojéda prit le parti d’envoyer un de ses navires à Espagnola, avec son or et ses prisonniers, sous la conduite d’un officier nommé Enciso, auquel il recommanda de lui amener des hommes, des armes et des provisions. Ensuite il tourna tous ses soins à se retrancher dans un fort de bois contre les attaques des Américains. Mais les vivres lui ayant manqué, ses gens se virent forcés d’en chercher dans les campagnes et les habitations voisines. Ils y trouvèrent de toutes parts un grand nombre d’ennemis si peu traitables et si bien armés, qu’ils furent réduits à se tenir renfermés dans leurs retranchemens, où ils essuyèrent bientôt toutes les horreurs de la famine. Il en était déjà mort un grand nombre, et les autres s’attendaient au même sort, lorsqu’un bâtiment parti d’Espagnola vint mouiller à la vue de Saint-Sébastien. Il était commandé par Bernardin de Talavera, qui, s’étant échappé