Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/246

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que ses dieux étaient bons au Mexique comme celui des chrétiens l’était dans les lieux où il était adoré. Dès les premiers jours, après avoir fait voir aux Espagnols la grandeur et la magnificence de sa cour, il voulut, par un autre sentiment de vanité, leur montrer aussi le plus grand de ses temples ; il les pria néanmoins de s’arrêter peu de temps à l’entrée, tandis qu’il alla consulter un moment avec les sacrificateurs s’il pouvait faire paraître devant leurs dieux des étrangers qui ne les adoraient pas. La réponse ayant été qu’ils pouvaient être admis, pourvu qu’ils n’y commissent rien d’offensant, deux ou trois des plus anciens sacrificateurs sortirent pour l’apporter à Cortez avec la prière qu’on lui faisait. Aussitôt toutes les portes de ce vaste et superbe édifice s’ouvrirent en même temps ; Montézuma prit soin lui-même d’expliquer aux Espagnols ce qu’il y avait de plus saint et de plus mystérieux ; il leur montra les lieux destinés au service du temple, l’usage des vases et des instrumens sacrés ; il leur apprit le nom de chaque idole, et le culte particulier qu’on lui rendait. Quelques-uns n’ayant pu s’empêcher de rire, il feignit de ne s’en être pas aperçu ; mais il se tourna vers eux d’un air imposant pour arrêter leur indiscrétion par ses regards. Cortez ne laissa point de lui dire avec la confiance d’un missionnaire que, s’il voulait permettre un moment que la croix des chrétiens fût plantée au milieu du temple, il reconnaîtrait bientôt que