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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/275

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en un mot, son but, sur lequel il se vit forcé de s’ouvrir à ses officiers, était de se maintenir à quelque prix que ce fût dans cette cour, et d’y faire un établissement qui le mît dans le cas de braver toutes les forces de l’empire. Il voulait gagner du temps jusqu’au retour de Montéjo, qu’il avait envoyé en Espagne, et qu’il espérait de voir revenir avec un puissant secours ; ou du moins avec des ordres de l’empereur pour autoriser son entreprise ; et, s’il se trouvait réduit par la violence à quitter le poste qu’il occupait dans la capitale, il se promettait du moins de s’arrêter à Véra-Cruz, où, se couvrant des fortifications de cette place, et s’appuyant du secours de ses alliés, il se croyait capable de faire tête assez long-temps aux Mexicains pour attendre des nouvelles d’Espagne.

Pendant qu’il rapportait tout à ce grand projet, Montézuma fut averti par ses courriers qu’on avait vu paraître sur la côte dix-huit navires étrangers ; et la description qu’il reçut de cette flotte par les portraits qui tenaient lieu d’écriture, aux Mexicains ne lui laissant aucun doute qu’elle ne fût espagnole, il fit appeler aussitôt le général pour lui déclarer, en lui montrant ses peintures, que les préparatifs qu’on faisait pour son départ devenaient inutiles lorsqu’il pouvait s’embarquer sur des vaisseaux de sa nation. Cortez regarda ces tableaux avec plus d’attention que d’étonnement : quoiqu’il ne comprît rien aux