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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/309

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remarquer dans le zèle des sénateurs plus de haine contre leurs anciens ennemis que d’affection pour les Espagnols, se contenta de prendre deux mille hommes, dans la crainte d’effrayer Montézuma et de pousser les rebelles au dernier désespoir. Son dessein était de faire une entrée pacifique dans la capitale, et de ramener les esprits par la douceur avant de penser au châtiment des coupables.

Il se présenta devant Mexico, sans avoir trouvé d’autres embarras dans sa route que la diversité et la contradiction des avis qu’il recevait. L’armée passa la grande chaussée du lac avec la même tranquillité, quoiqu’à la vue de plusieurs indices qui devaient réveiller ses défiances. Les deux brigantins construits par les Espagnols étaient en pièces ; quelques ponts qui servaient à la communication du quartier avaient été rompus ; les remparts et les donjons paraissaient déserts ; un morne silence régnait de toutes parts. Des apparences si suspectes obligèrent le général de régler sa marche, et de n’avancer qu’après avoir fait reconnaître successivement tous les postes. Ces précautions durèrent jusqu’au quartier des Espagnols, où les gardes avancées, découvrant le secours qui leur arrivait, poussèrent des cris de joie qui rendirent la confiance à Cortez.

Alvarado vint le recevoir à la porte du quartier, accompagné de tous ses soldats, dont les transports ne peuvent être représentés. La présence de Montézuma, qui parut oublier la