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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/33

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Ils se hâtèrent de passer le golfe, dont la largeur n’est que de six lieues, et, trouvant la rivière telle que Balboa l’avait représentée, ils reconnurent que c’était celle du Darien ; mais à leur arrivée ils aperçurent un corps d’environ cinq cents Américains, qui s’étaient rassemblés au pied d’une colline, et qui semblaient résolus de s’opposer à leur descente. Le témoignage de Balboa, qui les avait assurés que ces barbares n’empoisonnaient pas leurs flèches, ne leur ôtait pas un reste de défiance. Enciso leur fit jurer qu’ils mourraient plutôt que de fuir ; après quoi il fit sonner la charge. Les Américains soutinrent le premier choc ; mais, s’étant bientôt ébranlés, ils prirent la fuite avec beaucoup de confusion : les Castillans marchèrent vers la bourgade qu’ils trouvèrent abandonnée, mais remplie de vivres. Ils parcoururent tout le pays sans rencontrer un seul ennemi, et le butin qu’ils enlevèrent en bijoux d’or très-pur ne monta pas à moins de dix mille pesos.

Une si heureuse expédition, et l’abondance où l’on se trouva tout d’un coup, acquirent une nouvelle considération à Balboa. L’on jeta aussitôt les fondemens d’une ville, qui fut nommée Sainte-Marie-l’ancienne de Darien, parce qu’elle fut placée sur le bord de cette rivière. Il y a beaucoup d’apparence qu’Enciso ne fit pas réflexion qu’en transportant sa colonie sur la rive occidentale du Darien, il la tirait de la Nouvelle-Andalousie, qui était séparée de la