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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/333

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tout dans celle de Tacuba, dont la largeur donnait plus de facilité aux Mexicains pour s’approcher, et par conséquent plus d’embarras aux Espagnols. Cortez, qui s’en aperçut, remonta aussitôt à cheval ; et, passant le bras blessé dans les rênes, il s’arma d’une lance pour voler au secours de ses gens, avec quelques cavaliers qui le suivaient. Le choc des chevaux rompit d’abord les ennemis, et chaque coup de lance était mortel dans l’épaisseur de la foule. Cependant Cortez fut emporté si loin par son ardeur, que, se trouvant séparé de ses gens lorsqu’il se reconnut, il vit sa retraite coupée par le gros des ennemis qui fuyaient devant son infanterie. Dans cette extrémité, il se hâta de prendre une autre rue, qu’il jugea plus libre ; mais il ne marcha pas long-temps sans rencontrer un parti d’ennemis qui menaient prisonnier André de Duéro, un de ses meilleurs amis, tombé entre leurs mains par la chute de son cheval : ils le conduisaient au premier temple pour le sacrifier aux idoles. Ce dessein, qui avait suspendu leur fureur, lui sauva heureusement la vie. Cortez poussa au milieu de la troupe, écarta ceux qui tenaient son ami, et le mit en état de se servir d’un poignard qu’ils avaient eu l’imprudence de lui laisser. Duéro en tua quelques Mexicains, et trouva le moyen de reprendre sa lance et son cheval ; alors les deux amis se joignirent, et percèrent ensemble au travers de la foule, jusqu’au premier corps des Espagnols, qui avaient fait tourner le dos