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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/60

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sa fureur. Cependant, ayant appris de ses voisins que les Castillans avaient bien traité ceux qui les avaient reçus civilement, il leur envoya son fils avec des vivres et un présent, dont la seule vue leur fit oublier toutes leurs fatigues ; c’était un amas d’or de six cent quatorze pesos, et deux cent quarante perles d’une grosseur extraordinaire. Les perles n’avaient que le défaut d’être un peu ternies, parce que les Indiens mettaient les huîtres au feu pour les ouvrir ; mais on leur apprit une méthode plus simple ; et Tomaco, voyant l’admiration de ses hôtes pour des biens dont il faisait peu de cas, leur en fit pêcher douze marcs dans l’espace de quatre jours. Il assura Balboa que le cacique d’une île qui n’était éloignée que de cinq lieues en avait de plus grosses encore, et que toute cette côte, qui s’étendait fort loin au sud, produisait quantité d’or et d’autres richesses ; mais, dans l’affection qu’il avait conçue pour lui depuis qu’il avait éprouvé la douceur avec laquelle il traitait ses alliés, il lui conseilla d’attendre une saison où la mer fût plus tranquille ; et les Castillans, rebutés par leur dernière navigation, et la plupart accablés de faiblesse et de maladies, pressèrent leur chef de retourner au Darien. Il prit sa marche par une autre route, pour acquérir une parfaite connaissance du pays. Ce ne fut pas sans peine et sans danger qu’il traversa de nouvelles montagnes parmi des peuples si sauvages, qu’ils n’avaient entre eux aucune com-