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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/69

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le travail comme des bêtes de somme ; et, les ayant excessivement chargés, ils les forçaient de marcher à grands coups de fouet. S’ils tombaient sous la pesanteur du fardeau, on redoublait les coups, et l’on ne cessait point de frapper qu’ils ne se fussent relevés. On séparait les femmes de leurs maris ; la plupart des hommes étaient confinés dans les mines, d’où ils ne sortaient point, et les femmes étaient employées à la culture des terres. Dans leurs plus pénibles travaux, les uns et les autres n’étaient nourris que d’herbes et de racines. Rien n’était plus ordinaire que de les voir expirer sous les coups ou de pure fatigue. Les mères dont le lait avait tari ou s’était corrompu faute de nourriture, tombaient mortes de faiblesse ou de désespoir sur le corps de leurs enfans morts ou mourans. Quelques insulaires s’étant réfugiés dans les montagnes pour se dérober à la tyrannie, on créa un officier sous le titre d’alguazil del campo, pour donner la chasse à ces transfuges ; et cet exécuteur de la vengeance publique se mit en campagne avec une meute de chiens qui déchirèrent en pièces un très-grand nombre de ces misérables ; quantité d’autres, pour prévenir une mort si cruelle, avalèrent du jus de manioc, qui est un poison très-violent, ou se pendirent à des arbres, après y avoir pendu leurs femmes et leurs enfans. » Tels étaient ces départemens qu’on représentait à la cour comme nécessaires pour la conversion de ces peuples,