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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/158

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oreilles, enrichis de pierres vertes ; et sur la lèvre inférieure un petit tuyau de pierre de couleur bleue céleste ; son visage était peint d’un noir fort épais. Les cinq autres avaient la tête couverte d’une chevelure artificielle, fort crépue et renversée par des bandes de cuir qui leur ceignaient le milieu du front : ces bandes soutenaient de petits boucliers de papier, peints de différentes couleurs, qui ne passaient pas les yeux ; leurs robes étaient des tuniques blanches entremêlées de noir. Le topilzin avait la main droite armée d’un couteau de caillou, fort large et fort aigu ; un autre prêtre portait un collier de bois de la forme à un serpent replié en cercle.

Aussitôt les captifs étaient arrivés à l’amphithéâtre des sacrifices, on les faisait monter l’un après l’autre, par un petit escalier, nus et les mains libres. On étendait successivement chaque victime sur une pierre : le prêtre de la gorge lui mettait le collier et les quatre autres la tenaient par les pieds et les mains : alors le topilzin appuyait le bras gauche sur son estomac, et, lui ouvrant le sein de la main droite, il en arrachait le cœur qu’il présentait au soleil, pour lui offrir la première vapeur qui s’en exhalait ; après quoi, se tournant vers l’idole qu’il avait quittée pendant l’opération, il lui en frottait la face, avec quelques invocations mystérieuses. Les autres prêtres jetaient le corps du haut en bas de l’escalier, sans y toucher autrement qu’avec