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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/165

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ensemble. Le peuple était persuadé que cette préparation les élevait au-dessus du commun des hommes, et les mettait en commerce avec les dieux. Leur imagination se pénétrait de la même idée, car ils perdaient alors toute sorte de crainte ; et, se croyant respectés de la nature entière, ils se hasardaient la nuit au milieu des bois les plus sauvages, dans la confiance que les jaguars, les ours et les cougouars ne pouvaient leur nuire. Que d’extravagances et d’horreurs ! et que l’histoire de l’esprit humain est souvent humiliante !

L’enceinte du grand temple de Mexico renfermait deux monastères, l’un de jeunes filles entre douze et treize ans, et l’autre de jeunes garçons. Ces deux établissemens, qui tenaient au service du temple, étaient situés vis-a-vis l’un de l’autre, mais sans aucune communication : ils avaient chacun leur supérieur du même sexe. L’emploi des filles était d’apprêter à manger pour les idoles, c’est-à-dire pour les prêtres, auxquels il n’était permis de rien avaler qui n’eût été présenté devant l’autel. La plupart de ces alimens étaient une espèce de pâtisserie de maïs et de miel. Ces jeunes filles se faisaient couper les cheveux en entrant au service des idoles ; ensuite on leur permettait de les laisser croître. Elles se levaient la nuit pour prier, et pour se tirer du sang, dont elles étaient obligées de se frotter les joues ; mais elles se lavaient aussitôt avec de l’eau consacrée par les prêtres. Leur habillement était