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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/177

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sur les mères que sur le fruit qu’elles portaient dans leur sein ; et, lorsque les enfans venaient au monde, non-seulement elles s’efforçaient de leur raccourcir le cou, en le comprimant contre les épaules, mais elles les arrangeaient dans le berceau d’une manière qui empêchait le cou de s’allonger. On n’en rapporte pas d’autre raison qu’un préjugé naturel qui leur faisait attacher de la grâce à cette difformité. À la naissance des garçons, on appelait un prêtre, qui leur faisait aux oreilles et aux parties viriles une petite incision pour en tirer quelques gouttes de sang. Après avoir lavé lui-même l’enfant, le prêtre mettait à ceux des nobles et des guerriers une petite épée dans la main droite, et un petit bouclier dans la main gauche ; aux enfans du commun, il mettait dans les mains les outils de la profession de leur père, et dans celles des filles les instrumens pour filer et coudre. La mère nourrissait elle-même ses enfans ; lorsqu’un accident la forçait d’employer une nourrice, elle recevait sur son ongle quelques gouttes du lait étranger : et si son épaisseur l’empêchait de couler de dessus l’ongle, la nourrice était admise. Une femme qui allaitait un enfant devait manger des mêmes mets pendant tout le temps, qui était de quatre ans. Herréra admire l’amour maternel de ces femmes, qui, dans ce long période, leur faisait éviter tout commerce avec leurs maris, de crainte d’une nouvelle grossesse. Il ajoute que celles qui devenaient veuves dans cet intervalle