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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/192

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songe dans un sujet de la république, mais ils le pardonnaient aux étrangers, comme s’ils ne les eussent pas crus capables de la même perfection qu’un Tlascalan. Aussi tous leurs traités publics s’exécutaient-ils de bonne foi. La franchise ne régnait pas moins dans leur commerce : c’était un sujet d’opprobre entre leurs marchands que d’emprunter de l’argent ou des marchandises, parce que l’emprunt expose toujours à l’impuissance de rendre. Ils respectaient les vieillards ; ils châtiaient rigoureusement l’adultère et le larcin. Les jeunes gens d’une naissance distinguée qui manquaient de respect et de soumission pour leurs pères étaient étranglés par un ordre secret du sénat, comme des monstres naissans qui pouvaient devenir pernicieux à l’état lorsqu’ils seraient appelés à le gouverner. Ceux qui nuisaient au public par des désordres qui ne méritaient pas la mort étaient relégués aux frontières, avec défense de rentrer dans l’intérieur du pays ; c’était le plus honteux de tous les châtimens, parce qu’il supposait des vices dont on craignait la contagion. Les traîtres subissaient la peine de mort avec tous leurs parens jusqu’au septième degré, dans l’idée qu’un crime si noir ne pouvait venir à l’esprit de personne, s’il n’y était porté par l’inclination du sang. Les débauches qui blessent la nature étaient punies de mort, comme des obstacles à la propagation des citoyens, dans le nombre desquels la république faisait consister toutes ses