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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/225

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n’avaient point de jardins potagers : l’empereur même et les caciques, qui faisaient cultiver si soigneusement des fleurs dans les grands jardins dont on a donné la description, n’y entretenaient aucune sorte de légumes et de racines pour l’usage de leur table. Ils en recevaient de leurs vassaux une partie qui était comprise dans le tribut ; le reste leur venait des marchés publics. Mais, après le maïs, qui faisait la principale nourriture du pays, on mangeait beaucoup de racines et de légumes, qui se cultivaient généralement en plein champ, sans compter ce que la nature offrait d’elle-même dans un terrain où l’union continuelle de la chaleur et de l’humidité était extrêmement favorable à toutes ces productions.

Les divers auteurs qui ont décrit la Nouvelle-Espagne conviennent que, de tous les pays du monde, il n’y en a point de plus riche en plantes, ni dans lequel toutes celles de l’Europe aient fructifié avec plus de perfection et d’abondance.

Peu de nations ont autant de goût que les Mexicains pour les fleurs : ils en font des bouquets fort galans, et des couronnes qu’ils appellent suchiles. On a vu que les jardins de l’empereur Montézuma offraient plus de mille figures humaines, artificiellement composées de feuilles et de fleurs. Cette passion s’est communiquée aux Espagnols, surtout dans les couvens et les monastères de tous les ordres. Gage parle avec admiration des agré-