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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/263

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par quantité de torrens, se précipitent d’abord au fond d’un abîme où elles forment une sorte de lac, et s’échappent ensuite par un canal qu’elles se sont ouvert d’elles-mêmes, assez grand pour recevoir toutes sortes de barques.

La plus grande partie des légumes que l’on apporte au marché de Mexico se cultive sur les chinampas, que les Européens désignent par le nom de jardins flottans. Il y en a de deux sortes : les uns sont mobiles, poussés ça et là par les vents ; les autres fixes et unis au rivage. L’invention ingénieuse des chinampas paraît remonter à la fin du quatorzième siècle. Il est probable que la nature même en a suggéré aux Mexicains la première idée. Sur les rivages marécageux du lac l’eau agitée dans la saison des grandes crues, enlève des mottes de terre couvertes d’herbes et entrelacées de racines. Ces mottes, voguant long-temps çà et là au gré des vents, se réunissent quelquefois en petits îlots. Les Mexicains songèrent à tirer parti de ce phénomène. Les plus anciens chinampas n’étaient que des mottes de gazon réunies, artificiellement piochées et ensemencées ; mais l’industrie de la nation mexicaine perfectionna peu à peu ce système de culture. Les jardins flottans, que les Espagnols trouvèrent très-multipliés, et dont plusieurs existent encore, étaient des radeaux formés de roseaux, de joncs, de racines et de branches de broussailles. Les Indiens couvrent ces matières légères et entrelacées les unes dans les autres de ter-