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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/27

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capitale, dont les terrasses et les balcons étaient couverts d’une multitude d’habitans, qui observaient les premiers exploits des brigantins. Cent cinquante Espagnols, à la tête desquels il descendit dans l’île, montèrent au château par deux sentiers, et l’attaquèrent si vivement, qu’après avoir fait main basse sur une partie de la garnison, ils forcèrent le reste de se sauver à la nage.

Cet exploit, qui les avait retardés, fit naître un incident auquel on s’attendait peu, et qui changea toutes les mesures du général. On vit sortir de la capitale un grand nombre de canots, dont les premiers s’avancèrent d’abord avec lenteur pour attendre ceux qui les suivaient à la file. On n’en avait pas compté plus de cinq cents à la première vue ; mais, lorsqu’ils eurent commencé à s’étendre avec ceux qui s’y joignirent bientôt de tous les lieux voisins, on ne douta point qu’ils ne fassent plus de quatre mille. Ce spectacle, relevé par le mouvement des rames et par l’éclat des plumes et des armes, parut magnifique et terrible aux yeux des Espagnols, qui voyaient le lac comme abîmé tout d’un coup devant eux, et changé en une plaine où l’eau disparaissait sous tant d’hommes et de bâtimens qui la couvraient.

Cortez, sans marquer la moindre émotion, et plein de confiance dans la force de ses brigantins, se hâta de les former en demi-lune pour offrir un plus grand front à l’ennemi,